Devant la débâcle des politiques, les 5000 ne sont-ils pas le seul recours ?
Poser la question ainsi expose à confondre l’effet avec la cause. Dans le monde réel, les politiques n’inventent rien, ils vont chercher leurs idées dans les Think Tanks, les cercles de réflexion, chez les hauts fonctionnaires. Ils ne font que tenter de vendre les recettes agréées par les 5000. Ce ne sont pas les politiques qui sont devenus idiots, mais les solutions conçues par les 5000 qui sont inadaptées, obsolètes, invendables et pour tout dire toxiques.
Les 5000 sont pris au piège de leur propre discours. Ils ont construit une image de ce que les Français peuvent ou ne peuvent pas accepter qui interdit de procéder aux réformes indispensables d’adaptation au monde moderne.
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Ni droite ni gauche, n’est-ce pas une forme de droite honteuse ?
Quand on fait une analyse sociologique, la moindre des choses est de rechercher l’honnêteté de ne pas tomber dans le manichéisme ou le militantisme. La vie réelle n’est ni de droite ni de gauche, elle est. Il faut faire l’effort de ne pas interpréter les faits de société comme s’il s’agissait d’un match PSG/OM.
Le bien et le mal ne se répartissent plus aujourd’hui comme au 19ème siècle. En France, l’hyper-élite des 5000 vit et fait vivre sur des schémas vieux de plus d’un siècle.
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Si on en fait une lecture populiste, le livre ne fait-il pas le jeu du Front National ?
Il y a des spécialistes de la lecture entre les lignes qui oublient de lire ce qui est réellement écrit. Parfois cette attitude est une réaction de défense pour rejeter ou ne pas examiner et débattre d’une idée qui dérange.
Aujourd’hui les deux mots les plus employés dans les médias sont “Voilà“ et “populisme“. Quand on ne sait pas classer une idée à droite ou à gauche, ou qu’on ne la comprend pas on la taxe de populisme. Cela clôt le débat.
Mais parlons du Front National. Les caciques du Front sont des énarques, des 5000 comme dans tous les autres partis. La tentation boulangiste est une vielle affaire en France, elle prospère dans l’ambiguïté et se termine toujours en fiasco parce que les solutions miracle ne sont jamais praticables… Sortir de l’euro, fermer les frontières… yaka… de la politique du Bistro du commerce… on pense à ce fameux gribouille qui se réfugiait dans la mer pour éviter d’être mouillé par la pluie….
En toute hypothèse la description de la France des 5000 n’est pas du populisme ni du poujadisme, ni quelque autre mot en “isme“. Le trop d’impôt est une évidence, le mauvais emploi des deniers publics devient insupportable. Désigner les responsables de l’état de la France est un devoir. Il faut donc dire que l’hyper-élite française est ringarde, prévaricatrice dans l’âme et incapable proposer des solutions pour en sortir au personnel politique qu’il soit de droite, de gauche ou aux extrêmes.
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D’où viendra la solution ? Proposez-vous des solutions ?
On confond trop souvent le registre de l’analyse avec celui des remèdes. Si nous sommes d’accord sur le constat, les solutions apparaissent d’´elles-mêmes. Mais pour déterminer les meilleures mesures à prendre l’analyste n’est pas forcément le plus qualifié. L’erreur fatale serait d’exiger de lui qu’il énonce des solutions et de se servir de la critique légitime ou pas de celles-ci pour perdre de vue le diagnostic.
Le médecin vous dit de quelle maladie vous souffrez, le médicament est du ressort de la pharmacopée. Une fois que les solutions sont sur la table on peut revenir à l’analyste pour éclairer le choix. Mais d’abord et avant tout il faut s’accorder sur l’origine du mal.
En réalité, la première des solutions est celle utilisée dans le monde de l’entreprise pour résoudre un problème on commence par une phase de sensibilisation. A cet égard, le livre qui place l’hyper-élite devant ses responsabilités participe à la solution.
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Un livre peut-il changer quelque chose?
Parfois un seul mot le peut. Le mot juste, prononcé au bon moment. C’est le rapport dialectique entre les faits et les idées.
Le sentiment d’impuissance du citoyen, devant une situation sur laquelle il n’a aucune prise, finit toujours par trouver un exutoire.
Il en résulte le pire ou le meilleur.
N’excluons pas le fait qu’il existe des 5000 de bonne foi, sincères et l’on sait que l’intelligence ne leur fait pas défaut.
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N’avez vous pas le sentiment de cracher dans la soupe ?
Sans jouer les lanceurs d’alerte qui trahissent une confiance qu’on leur a accordée, de tous temps, la lucidité a été d’abord pratiquée de l’intérieur, ou par des personnes assez proches du système pour en comprendre les mécanismes, et si l’on est plus sévère les tares.
Quand la soupe est immangeable, cracher dedans ne change rien, par contre faire observer au cuisinier qu’il ne remplit pas son office est un devoir qui relève de l’instinct de survie.