« L’intendance suivra » répliquait le Général de Gaulle dans les années soixante à ceux qui lui objectaient que le France n’avait pas les moyens de sa politique de grandeur. Près d’un demi-siècle plus tard, l’intendance ne suit plus, pas même pour assumer une politique au pied menu.
A l’international, les rodomontades dignes d’un Badinguet qui promettent de “punir“ le tyran syrien et ne sont suivies de rien font de la diplomatie française la risée du Levant. Elles provoquent une condescendance de nos alliés qui se gardent bien de suivre le Président Hollande dans ses tartarinades africaines et invariablement solitaires. Le petit timonier devrait pourtant se souvenir à la lumière de l’affaire du génocide rwandais que, quelque soient les bonnes intentions affichées, l’on ne sort jamais indemne des aventures militaires dans ce continent mère de l’humanité.
Nonobstant, les 5000 continuent à “justifier“ cette néo-France/Afrique par les appels au secours des dirigeants locaux… appels que nous sommes les seuls à entendre. Les mêmes 5000 professaient lors de la seconde guerre d’Irak qu’il n’est d’ingérence militaire légitime qu’en vertu d’une décision onusienne et d’une action collective.
Quoique d’ambition modeste cette politique coûte trop cher. Pendant que les soldats français font la chasse au djhadiste fantôme dans les sables rocailleux du désert, les tycoons chinois engrangent les contrats sans se salir les mains… et le déficit public français s’aggrave.
Plaie d’argent n’est pas mortelle a-t-on coutume de dire. L’adage a sa limite. Elle est atteinte quand l’économie sombre dans la déflation et la récession. Elle est dépassée car nos intendants sont désormais incapables de faire suivre un pays qui n’a plus confiance en lui, mais surtout en eux qui offrent le spectacle de chamailleries puériles.
Que s’est-il passé pour que perdent toute efficacité ces brillants hiérarques qui avaient réponse à tout, et le verbe haut donnaient des leçons au monde au nom d’une arrogance dénommée exception française ?
La réponse est simple. Les 5000 ont été formatés pour gérer une situation de l’économie mondiale et nationale qui n’existe plus. Leurs catégories intellectuelles sont inadéquates, obsolètes, dépassées… on ne sait plus quel adjectif employer pour qualifier ces instruments de pensée qui datent du 19ème siècle.
Ils ne comprennent pas vraiment le monde d’aujourd’hui et ne conçoivent pas celui de demain. Le peu qu’ils perçoivent de ce temps qui va sans eux heurte profondément leur sens des priorités. Construits dans une société de croissance et d’abondance, où l’ennemi était le travail pénible d’une industrie d’avant les robots, leur mental se rebiffe quand il est question de compétition économique. On leur parle de création de richesse, ils entendent “politique de répartition“. On évoque le chômage, ils comprennent “partage du temps de travail“.
A leur décharge il faut admettre que la position dans laquelle se trouve la France n’est pas une simple crise comme on en a tant connues, il s’agit d’une situation inédite depuis la fin de la Seconde Guerre Mondiale où la société française dans son ensemble doit se remettre en question. A l’évidence elle ne le fera pas si ses élites ne lui en donnent l’exemple comme c’est leur rôle et leur justification.
Macte animo ! Courage, disaient nos ancêtres de cœur les gallo-romains. Tel est le cri que l’on brûle d’adresser aux 5000 qui paraissent groggys debout ou qui comme certains désertent le champ de bataille qu’ils ont pourtant choisi.