Le refus du CSA de permettre à la chaîne d’information LCI filiale du groupe TF1 Bouygues de devenir accessible gratuitement illustre la manière dont à l’intérieur du monde des 5000 on se dispute âprement les parts de marché comme cela se produit de temps à autre dans les meutes de prédateurs.
Au premier regard on peut s’étonner qu’il faille solliciter l’autorisation de « ne pas faire payer » le téléspectateur. Les « gratuits » ont envahi, avec le succès que l’on sait, le marché de la Presse écrite sans demander l’avis de quiconque. Mais la France est un pays hyper-administré, dans lequel, au motif véritable que les fréquences de transmission du son et des images sont une ressource limitée et par nature non susceptibles d’appropriation (l’argument ne vaut pas pour le câble), on soumet à une instance administrative, évidemment composée de 5000, des questions économiques qui ne devraient concerner que les opérateurs et leurs actionnaires.
Que s’est-il passé pour LCI qui si l’on en croit ses responsables ne pourra pas passer l’hiver si on ne lui accorde pas la gratuité ?
L’affaire illustre bien la manière dont on se répartit les parts de marché, plus par l’intrigue et l’influence que par l’efficience économique. Les 5000 ont pris l’habitude de régler les problèmes par le jeu des réseaux sur les organes de l’Etat ou sur les conseils, comités ou autorités, soit disant indépendants, qu’il met en place pour se défausser de toute responsabilité politique. Ainsi, entre LCI (Bouygues, qui soutenu par le seul Montebourg, ne cesse de perdre bataille sur bataille) d’une part et d’autre part une camarilla composée d’amis de BFM allié à l’omnipotent Canal Plus et confortés par le trio des nouveaux magnats de la Presse, MM. Pigasse, Berger et Neil, prêts à phagocyter la chaîne mise en état de faiblesse, les forces étaient inégales.
La pluralité de l’information ? Le CSA n’y avait pas songé, figurez-vous. Le sommet de l’hypocrisie est atteint quand la la gauche et la droite face au tollé de l’opinion se renvoient la responsabilité de ce pas de clerc. C’est pas nous ! C’est la faute à personne !
Un fait ressort au delà de toute cette sombre affaire de 5000 entre eux. Le public n’entend plus payer pour accéder à l’information. La culture Google a créé un réflexe de gratuité, bien évidement apparente car le monde marchand s’invite subrepticement mais en force chez le consommateur par ce puissant média.
Dans le monde moderne, où l’on se bat pour être gratuit, on s’ingénie aussi à faire moins cher, mais cela aussi heurte la culture malthusienne des 5000. Il existe en France une croyance selon laquelle l’interdiction de pratiquer des rabais sur les livres papier favoriserait la lecture par le maintien de réseaux du petit commerce des libraires qui sans cette protection serait condamné. L’état de santé du monde de l’édition tend à montrer que cette défense n’est pas la plus appropriée. En outre, Il n’est pas établi que les Français lisent plus que d’autres chez qui la cherté du livre n’est pas une affaire d’Etat. Le dirigisme est-il au moins suivi d’effets ? Une loi vient d’interdire la gratuité de la livraison. Qu’à cela ne tienne, Amazon contre qui ce texte est voté, adresse un pied-de-nez au législateur français en pratiquant la livraison facturée un centime d’euro ! Il fallait y penser, mais chez les 5000, on ne pense pas on dépense.
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