Dans les classements internationaux relatifs à l’éducation le rang de la France ne cesse de se détériorer. Ce n’est pourtant pas faute d’y consacrer de plus en plus de moyens, bien plus que les pays mieux classés.
La singularité française réside dans le fait que la politique de l’éducation y oscille entre la volonté de favoriser les meilleurs, et la velléité de combattre l’échec. Exhausser les talents et repêcher les traînards, ces deux politiques paraissent complémentaires et à première vue bénéfiques. En fait, elles se réalisent au détriment de la progression de l’ensemble des jeunes qui ne sont ni des surdoués ni des sous-doués. Cette classe moyenne forme la majorité des apprenants. Elle souffre d’être négligée au profit des excellentes têtes d’œuf avec lesquels l’écart ne cesse de croître, et la place en situation de médiocrité. Elle pâtit tout autant du nivellement par le bas qui en dévalorisant ses efforts les rend vains.
Dés le collège on crée des classes d’excellence, puis à l’étape suivante hors des grandes écoles point de salut. L’Allemagne qui ignore ces structures éducatives élitistes ne s’en porte pas plus mal. A l’autre extrémité, le rattrapage du peloton par les attardés consiste à ralentir celui-ci. Cette philosophie favorise, non pas l’individualisme qui peut s’épanouir à l’intérieur du groupe d’étude ou de travail comme dans la société Nord américaine, mais l’égoïsme forcené qui est la marque de notre élite; l’égoïsme des meilleurs, mais aussi celui de « l’élite des cancres » qui rejettent toute contrainte sociale.
L’élévation du niveau moyen qui permet aux individus de travailler en équipe et favorise la prise de conscience de l’interdépendance n’a dans la France éducative aucun défenseur, telle est sans doute l’aspect le plus pernicieux de l’exception française.
© les Cinq-Mille 2014
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